Les Casinos sur le sol français

1 casino pour 175 communes

Avec près de 200 établissements de jeux sur le sol français, on pourrait penser que l’offre est suffisamment large et, pour ainsi dire, nous nous sommes même habitués à cet état de fait. Dans le paysage européen, il faut dire aussi que la France reste un des pays qui possède les plus d’établissements de jeux, en comparaison avec ses voisins. De son côté, le vieux continent n’en affiche, en effet, qu’un nombre proche de 530. L’hexagone aurait donc, à lui seul, près de 40% de ce total européen.

Dans les faits, pourtant, c’est un nombre qui pourrait paraître assez faible et même d’autant plus faible que l’on considère la concentration de nombreux établissements de jeux dans les zones balnéaires, les stations touristiques ou même dans certaines grandes villes. Sans même prendre en compte cette desserte inégalement répartie, hors Corse et Dom Tom, notre territoire compte plus de 35 357 communes. Il y a donc, en moyenne, 1 casino pour 175 communes ou dit autrement 1 casino pour un peu moins de 372 000 habitants.

Un interdiction morale de principe et des aménagements

Alors, bien sûr, on pourra argumenter que la raison en est morale ou qu’en tout cas ce n’est pas une mauvaise chose. D’ailleurs, légalement on est parti d’une interdiction de principe au XIXe siècle, pour y apporter des aménagements, notamment pour les villes balnéaires et à vocation touristique. En quelque sorte, on n’entendait engranger les bénéfices et les attraits touristiques des casinos, tout en en limitant l’usage et l’abus par les populations locales. Ainsi, historiquement, l’idée était de protéger le bon peuple de ses propres excès, tout en contrôlant le nombre de casinos, une sorte de modération « de fait » pour les jeux d’argent. L’argument pourrait encore être valide aujourd’hui mais ceci n’est pourtant plus tout à fait vrai pour plusieurs raisons.

Pour prendre le problème de front et de manière factuel, il faut commencer par parler de Ludopathie. Si le jeux excessif représente un problème dans ses symptômes et dans ses conséquences, qu’il ne s’agit pas nier, aux dernières nouvelles, il ne touche qu’un pourcentage relativement faible de joueurs. On se reportera au site de l’ODJ pour s’en faire une idée. Entre les populations qui « présenteraient des risques » et celles qui en développent effectivement, le pourcentage des joueurs affectés par ces pratiques obsessionnelles reste en général en dessous de 3% des joueurs. C’est déjà trop, nous pouvons tous en convenir aisément. Pourtant à cela, il faut ajouter que l’addiction aux jeux de hasard et d’argent est loin d’être l’unique apanage des casinos. Les établissements de jeux possèdent même des systèmes de bannissement des joueurs touchés par la fièvre du jeu. Cela n’est pas le cas de nombreux autres jeux d’argent vendus en vente libre, dans des dizaines de milliers de points de vente. Il semble aujourd’hui impossible de contrôler une addiction à des paris sportifs, au PMU ou aux jeux de grattage. De nos jours, les casinos sont donc loin d’être les seuls établissements dans la course aux jeux d’argent et de hasard. Ils sont même loin de s’y tailler la plus grosse part. Depuis le XIXe siècle, le paysage des jeux d’argent et de leurs tentations potentielles à donc fortement changé.

Un héritage historique et politique

Du reste, pour rester encore sur le terrain de la morale, si on fait un parallèle avec l’alcoolisme qui, sous sa forme aggravée, touche lui aussi une partie seulement des buveurs, on se rend bien compte que le traitement légal qui en est fait n’est pas le même. L’alcoolisme est un problème grave et notoire qui pose même un souci majeur de santé publique. C’est, en effet, une addiction qui tue, physiquement, chaque année quantité de personnes. Pour autant, on n’a que peu limité le nombre de débits de boissons ou la distribution d’alcool dans les points de vente. Pour répondre à ce problème majeur de santé publique, on a simplement jugé suffisant de ne pas le rendre disponible aux mineurs et de promouvoir son usage responsable (à consommer avec modération). Est-ce moralement suffisant ? Chacun y répondra à sa guise.

De notre côté, nous n’allons pas, bien sûr, jusqu’à prôner l’ouverture de casinos à chaque coin de rue, ni même prétendre que cela serait une bonne chose, mais il s’agit juste de mettre les choses en balance pour y réfléchir. Il y a derrière tout cela des questions qui touchent plus l’histoire que la morale ou le danger factuel. D’ailleurs, dans la continuité de notre raisonnement, si l’on décidait en France de réduire le nombre de débits de boissons ou de points de vente d’alcool au même nombre que les casinos, ce serait sans doute un tollé général. La grande majorité des consommateurs n’accepterait pas de se voir priver de ce qui reste pour eux un plaisir maîtrisé, sous prétexte qu’une partie minoritaire des consommateurs ont transformé, bien malgré eux, l’usage de ce plaisir en poison.

Un potentiel encore inexploité

Dans le même état d’esprit, s’il fallait ranger le jeux d’argent et de hasard sous l’enseigne de la santé ou de la morale publique, il faudrait sans doute aussi se pencher aussi sur les 24 000 buralistes en France qui distribuent en toute légalité, des dizaines de milliers de jeux d’argent et de hasard chaque jour, avec l’assentiment de l’Etat pour lequel ces jeux sont une manne. Bref, ce que nous voulons dire, mais vous l’aurez compris, c’est que la limitation du nombre de casinos en France est plus une affaire d’éléments historiques et de volonté politique que le fruit d’une logique implacable en matière de santé ou de morale publique.

Est-ce bien ainsi ? C’est, en tout cas, un état de fait. Les moralistes diront « N’empirons pas les choses, tout est très bien comme cela ». Ceux partisans d’un peu plus de liberté et de divertissement préféreront voir un peu plus de casinos fleurir. Ils ajouteront qu’accessoirement les établissements avec licence, établi sur le sol français, représente une manne pour l’état et ses caisses mais également pour les communes sur lesquels ils se trouvent.

Tout cela étant dit, il n’est pas certain que les tenanciers de Casino ayant obtenu une licence d’exploitation aient à s’en plaindre. Leurs lieux de divertissement conservent ainsi une certaine rareté et une certain prestige. même si, des groupes comme Partouche ou Barrière seraient certainement ravis de pouvoir en ouvrir quelques uns supplémentaires. Avec 1 casino pour près 372 000 habitants, il y a peut-être encore un peu d’espace pour cela. D’ailleurs, on sera peut-être surpris d’apprendre que le nombre réputé éligible de communes pouvant accueillir des casinos en France, selon les critères de la loi de 1907, sont au nombre de 350. Sous couvert de la décision des maires concernés qui ont tout pouvoir d’accepter ou non la création d’un casinos sur leur communes, il reste donc de la marge. Consulter cette page du sénat sur la question.

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